Deux câbles sectionnés en Méditerranée presque en même temps suscitent bien des interrogations. Les faits se déroulent à la fin du mois de janvier. Ces câbles sous-marins drainent le trafic Internet Europe-Asie. L'Egypte perd 70 % de son potentiel de connexion. Le réseau indien s'affaiblit de 40 à 50 %. Les pays du Golf ressentent également les effets. Dès lors dans les sphères du pouvoir des pays concernés on se pose des questions, beaucoup de questions. Serait-ce un complot américain ? Un acte terroriste du régime iranien ? Les hypothèses sans fondement se multiplient jusqu'à ce que Dubaï diligente une enquête. Les autorités de l'émirat en arrivent à cette conclusion : ces sont les ancres de deux cargos qui sont à l'origine de ces coupures. Evènements qui ne sont pas rares au fond des mers. C'est simplement la coïncidence de ces faits qui a enflammé les esprits. C'est à partir de cette anecdote que des journalistes du Monde Laurent Checola et Olivier Dumons ont rédigé un article très dense sur le maillage mondial d'Internet : "Qui tire les câbles du cyberespace?"
Le sujet met bien évidence que la considération virtuelle que l'on attribue à Internet repose sur une infrastructure réelle. Cette infrastructure présente des inégalités au niveau mondial. Ces inégalités sont la conséquence d'une édification du réseau s'appuyant sur des intérêts privés. 4 groupes américains : Verizon, AT&T, Sprint et Level occupent une place prédominante voire monopolistique. En 1995, lorsqu'Internet n'est plus le domaine réservé des militaires et des scientifiques, les acteurs cités investissent 60 000 à 70 000 euros par km de câbles pour tisser les autoroutes de l'information. Ils dégageront des profits volumineux. Ils privilégient les zones à fortes demandes potentielles. C'est pourquoi, certaines zones géographiques seront délaissées comme le continent africain, la zone Asie Pacifique. Ce quasi monopole est sur le point d'être bousculé par l'arrivée de nouveaux acteurs asiatiques qui tenteront de mettre un terme à l'hégémonie américaine. Ces "batailles" seront au profit des usagers. Plus d'un siècle a été nécessaire pour atteindre le milliard d'usagers en télécommunications, à peine 5 années ont suffit à accéder au milliard supplémentaire.