Le 24 juin, Applica était invité à la présentation du nouveau livre de Bruno Bonduelle : « XXLille ». Vous me direz que l’information n’est pas nouvelle, mais bon il fallait prendre le temps de le lire.
Frédéric Beigdeber disait à la sortie du dernier ouvrage de Jean D’Ormesson « C’est du Jean D’Ormesson », ce à quoi l’académicien lui répondait par média interposé « oui c’est normal je ne vais pas changer de style ». A propos de « XXLille », on pourrait affirmer que « C’est du Bruno Bonduelle ». D’ailleurs l’auteur ne s’en cache pas, bien au contraire c’est en martelant les mêmes idées qu’elles finissent par s’enfoncer dans les esprits. « XXLille » est un update, une mise à jour de « Carillonnez beffrois ». Il véhicule la même problématique. Comment notre région peut-elle se développer? Voici la question qui taraude l’auteur. Pour y répondre, il apporte une vision dans le temps et dans l’espace.
L’économie est globalisée. Le développement de la région passe par la prise de conscience de ce postulat. Dès lors, la nécessité de s’unir s’impose à l’évidence. Car que sont nos 4 millions d'habitants face à Shangaï, Bangalore, Tokyo, San Francisco, Atlanta… Savons-nous seulement si ces villes nous connaissent ? Dans « Carillonnez beffrois » Bruno Bonduelle précise qu’il avait posé la question à des étudiants d’Atlanta lors d’un voyage pour la candidature de Lille aux jeux olympiques de 2004. Les réponses étaient vagues et incertaines. Depuis, Lille 2004 et Lille 3000 ont permis d'élargir le rayonnement d'un point de vue culturel. L’objectif n’est pas de rivaliser avec ces grandes métropoles mais avec des villes de niveaux européens : Barcelone, Milan. Pour cela, l’auteur propose une vision de Lille en 2020 qui prend en considération les variables issues des évolutions démographiques et économiques au niveau mondial. Cette projection qui pourrait devenir réalité est non seulement teintée de revendications mais aussi porteuse de solutions. La vision de l’auteur s’affranchit des clivages historiques et géographiques en proposant l’agrégation des communes en : Lille région ou Lille Area et par la suite en Lille.
La construction de l’Europe, son élargissement, la crainte d’une emprise d’une entité supra nationale ont eu pour paradoxe de renforcer les identités régionales voire locales. Jamais ne sont autant affirmés les attributs du terroir : produits, langage vernaculaire, folklore… Ce paradoxe s’est hissé comme protection face à l’Europe et à la mondialisation. Mais si ces identités locales veulent persister, elles doivent prendre en compte le changement de la donne et par conséquent s’unir. En effet pendant que Lille est taxée de Parisianisme provincial, le monde continue de se développer.
Un film a eu le mérite de valoriser les aspects humains de cette région, mais il n’a pas mis en valeur les acteurs économiques. Ce n’était pas son rôle. La région comporte 20 leaders mondiaux dans leurs secteurs : Roquette, Lesaffre, Bonduelle, Accor… Elle peut s’enorgueillir de très grands noms dans le commerce et la distribution : Auchan, Norauto, Décathlon, Leroy Merlin, Paul, Boulanger… Ces capitaines d’industrie issus des grandes familles du Nord ont façonné dans la discrétion le paysage économique de leur région. C’est une autre facette qui apparait rarement dans les médias, qui s’évertuent à diffuser une image d’Epinal débordant de clichés.
Au-delà de l’union, Bruno Bonduelle propose des axes de développement qui passe par l’aménagement du territoire : développer des axes routiers, développer les ports, construire une nouvelle gare : Lille Internationale et une nouvelle ville. L’idée est de capter les trafics de voyageurs européens, de capter les marchandises, d’inciter les grands noms de l’industrie et des services à s’installer chez nous, pour au final donner aux jeunes cerveaux des possibilités de changer d’employeur et leur proposer un cadre de vie agréable. Ainsi, ils éviteraient de quitter la région qui les forme. « Carillonnez beffrois » leur était dédicacé. Au-delà de ces projections, « XXLille » au titre tendance regorge d’anecdotes, de références, d’allusions… L’auteur y inscrit son intérêt pour l’histoire. A lire.
Bruno Bonduelle : « XXLille », éditions La Voix du Nord
